Histoire du courabillard

Brève histoire du courabillard.

Qui ignore son passé n'a pas d'avenir. A l'heure où le courabillard se développe partout dans le monde, il nous semblait important de rappeller quels furent ses débuts. Alors que l'on imagine mal un sport aussi populaire avoir pu connaître des parties sans spectateurs (!); un bref retour en arrière sur les premières parties jouées jusqu'au succès actuel en passant par l'ajout historique d'une cinquième bille nous semble opportun.

Les origines du courabillard se perdent dans la nuit des temps de l'automne 2013. Il existe à l'époque un cercle de réflexion politique du nom de FFNL sis 3 rue de la République à St-Étienne. Le cercle possédait un billard. Il arrivait que certains membres jouent une partie pour se détendre. Mais le billard était vieillot, peu stable et incomplet (il manquait une queue). Par ailleurs ces pionniers étant passionnés de politique mais nullement de billard, ils ne maitrisaient guère les règles, le plus souvent improvisées et le niveau relativement faible des joueurs (surtout monsieur Descours) faisait que les parties étaient souvent interminables. Bref, le jeu n'était guère passionant.

Mais tout change un jour de fin 2013 (un vendredi saint dont la date précise est aujourd'hui perdue). Après une grande journée de militantisme, un certain monsieur Sahuc trouva un calicot inutilisé dans la réserve. Il décida de couper ce bout de bois en deux, afin, à tout le moins, que chaque participant possède sa queue. Mais au moment de jouer la partie suivante contre monsieur Terle, les joueurs, dans un éclat de génie qui les caractérise si bien décidèrent de jouer en même temps! Ce fut une révélation. On passait d'un jeu d'attente à un jeu d'action dynamique et interractif.

On ne mit pas longtemps à définir les premières règles. Chaque joueur se place d'un côté d'un billard, aurait un groupe de bille et devrait les envoyer dans les trous de son adversaire. Le nom de courabillard (inspiré de l'origine d'un de leur camarade) fait l'unanimité des deux compères. Les parties suivantes sont l'occasion de perfectionner les règles. Il apparaît vite que dans le contexte social individualiste de l'époque (souvenez-vous de cette crise, du ras-le-bol social, de la stigmatisation des français travailleurs et honnêtes, des arrestations politiques arbitraires lors de la manif pour tous...), le courabillard ne pourrait être placé sous le signe de la convivialité et du fair-play. Les coups de pute et autres joutes verbales entre joueurs devenus sa marque de fabrique actuelle tirent leur origine de ce contexte.

Ce concept devait vite prendre de l'essort. Les rendez-vous hebdomadaires (et ce chaque semaine) des membres du FFNL ne se déroulaient plus sans quelques parties de courabillard âprement disputées. Cette période est marquée sous le signe de l'inovation et la recherche constante de tactiques vicieuses. Le niveau du jeu grandissait et la qualité technique des joueurs s'améliorait à chaque joute (sauf monsieur Descours).

Initialement joué avec 4 billes, une cinquième bille par camp fut ajoutée fin 2013. Madame Robert, qui dirigeait ce cercle, souhaitait en effet que ses membres consacrent 2 heures de leur semaine pour le FFNL. Mais les parties trop courtes, même répétées, ne permettaient pas à ces fainéants d'atteindre cette durée. Messieurs Terle et Sahuc se rendent compte que l'ajout d'une cinquième bille complique considérablement la partie et augmente exponentiellement la durée du jeu. Le courabillard entre alors dans des formes quasiment similaires à aujourd'hui.

Le courabillard aujourd'hui c'est plus de 6 licenciés à travers la Loire, de nouveaux adeptes chaque semaine, et un engouement sans cesse croissant qui permettront à terme, nous en sommes convaincus, de devenir le sport numéro un sur la planète. N'oublions pas que toujours à la pointe du modernisme, le courabillard est l'un des seuls sports mixte à l'heure actuelle. Le courabillard est toujours joué dans le lieu de ses débuts historiques, le siège du FFNL.

Le "gnié" :

Le "gnié" est habituellement prononcé par un joueur qui vient d'empocher une bille. Toujours soucieux d'ouvrir ce magnifique jeu au plus grand nombre, les couradins supérieurs n'ont jamais fait une faute le fait de ne pas le prononcer. Ils ont en effet pensé au cas d'un handicapé muet qui se verrait de facto privé de toute possibilité de gagner. Bien que les règles n'y fassent donc pas allusion, le "gnié" est largement répandu chez les couraphiles. Son origine provient d'un joueur de St-Chamond qui avait pris pour habitude de le prononcer lorsqu'il marquait un point. Il est intéressant de préciser que ce joueur terminait de manière récurrente ses phrases par le fameux "gnié", y compris en dehors du jeu. Il n'est de sorte pas acquis qu'il ait eu une réelle volonté d'imposer ce mot au monde du courabillard. Peut-être même l'émotion procurée par l'empochage d'une bille (il était d'un niveau modeste) créait-elle un afflux nerveux le faisant prononcer ce mot involontairement ?

Alors idée de génie de ce joueur? Ou simple hasard? L'histoire ne le dit pas. Ce qui importe c'est que le "gnié" est aujourd'hui indissociable du courabillard.

Le "coudpute"

Le début de l'année 2014 vit monsieur Sahuc jouer contre madame Axelle. Archifavori face à cette charmante jeune femme qui jouait ce jour-là sa première partie, monsieur Sahuc s'offrit durant la première manche le luxe de répondre à un coup de fil donné sur son sans fil. Malgré cette pause il réussit à empocher toutes ses billes avant l'ingénue. Mais madame Axelle avait profité de ce que son adversaire ait le dos tourné durant la conversation pour sortir une bille déjà empochée et la cacher dans un trou central. La confusion crée fut grande. Monsieur Sahuc, sans doute vexé à l'idée d'abandonner une manche à une femme, débutante qui plus est, criait au complot, alors que le couradin du jour monsieur Terle félicitait l'idée de madame Axelle, tout à fait dans la philosophie du jeu. Pour lui le vide juridique devait profiter à la jeune femme (un peu moins jeune qu'au début de la partie toutefois). A l'époque il était déjà admis qu'un joueur qui croit fermer la table en oubliant une bille hors du jeu perd la manche. Mais les règles ne prévoyaient pas le cas d'un joueur qui enlèverait une bille déjà empochée pour la mettre hors du jeu. Après âpres discussions, monsieur Sahuc admit qu'il avait concédé cette première manche. Cela ne l'empêcha d'ailleurs nullement de remporter finalement ce match 3-1. Mais seule cette action qui devait être baptisée coudpute restait dans les mémoires. Le choix de donner la manche à madame Axelle fit alors jurisprudence à tel point qu'il est aujourd'hui clairement mentionné dans les règles. Spectaculaire, le coudpute et très rarement tenté. Surpris bille en main en train de faire un coudpute, un joueur perd en effet immédiatement la manche.

Le match du siècle

Disputé le shabbat 18 janvier 2014, le match entre messieurs Terle et Sahuc est considéré par les historiens du jeu comme la plus belle partie de l'histoire du courabillard. Une page y est consacrée.

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